17 janv. 2009

By C.


Drôle d'histoire ...
Depuis 6 mois, nous avons une relation virtuelle, C. et moi.
Auparavant, nous habitions tous les deux mais il n'a jamais été jusqu'à dormir dans notre maison.
La première fois que je l'ai entendu faire un projet à partir de ce lieu, il proposait d'y faire une chambre noire.
Puis le 1er jour, il est venu avec un sac de sport et une lampe Ikéa. Dedans [ plus tard j'ai été regarder ce qu'il y avait, car il l'avait laissé là depuis ce premier déménagement sans ne jamais l'ouvrir, sans ne jamais sortir son contenant], quelques pulloveurs, un classeur vertical en tissus pour séparer les pulloveurs en question, une brosse à dents ... La liste fut vite dressée.
Il est revenu le lendemain, après avoir acheté deux futons très fin, toujours chez Ikéa. Jamais il n'a dormi dessus.
Il m'a demandé si il pouvait épingler au mur une de ses peintures sur feuille imprimée , il l'a fait.
Et il a commencé à venir de moins en moins, toujours lorsque je ne m'y attendais plus. Il passait, un quart d'heure, une heure, le temps d'un repas lorsqu'il arrivait en plein milieu de nos banquets dans le patio qui s'éternisaient jusqu'à pas d'heure ...
Je recevais un message tous les 1ers du mois : c'était C. , pour m'avertir du lieu où il avait laissé l'enveloppe avec le chèque qui réglait la moitié de notre dû.
C. passait toujours à l'improviste. C'était sa règle sans règle.
Il en profitait pour laisser un sachet de gâteaux aux haricots -mes préférés, sans que jamais je ne lui eusse dit-, une gousse d'ail, quelques feuilles de laurier, une barquette de marmelade maison ... Au début, je n'osais pas les manger, j'attendais qu'il apparaisse le lendemain, je me disais que c'était vraiment mal de lui en piquer. Et j'ai commencé, le temps passant, à me rendre compte que c'était peut-être pour moi qu'il les laissait délicatement, finalement.
Au début, je lui disais, tiens, ce ne serait pas mal de mettre une table ici ou là ... le lendemain, il apparaissait avec l'objet dit, sorti de nulle part. Et moi je continuais à amasser tout ce que je trouvais dans la rue pour constituer petit à petit ce qui a été une des plus belles de mes maisons.
Parfois, je rentrais chez moi et constatais que l'image punaisée avait changée, était devenue un tapis volant ou bien un jeu d'échecs avec des pions vivants et dont la légende indiquait le propos.
Il n'y a jamais eu de labo photo. Ni de bouffes à quatre mains.
Il y a juste eu sa présence fantomatique et bienveillante, un magicien graphique qui, dans sa chambre recouvrait les murs de plans topographiques -chopés dans les archives de je ne sais quoi ...- du quartier et les sols de bâches transparentes.
Depuis, régulièrement, on s'écrit. Enfin, sans texte. On se parle sans se parler avec des images et du son.
Et je l'évoque ici, tout d'abord parce que ce n'est la place de rien, si ce n'est une place publique que j'anime et que C. y a son droit parce qu'il en est un peu à l'origine, sans le savoir ... ou, si, en le sachant sans le dire.

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