30 janv. 2009

Où suis-je ?

Cette nuit je n'ai pas fait un rêve mais plusieurs et tous, mis bout à bout, constituent une longue chaîne composés de souvenirs et de flashs, d'amis et d'inconnus, de lieux vécus resitués, d'imaginaire réel et donc troublant entremêlé à du réel fictif et fantasmé...
Il me semble.
Que j'ai cherché à le prolonger par un demi sommeil forcé et que lorsque je me suis levée, je l'ai définitivement quitté. Je ne saurais le restituer ni par la parole, ni par la peinture. Je le retrouverai peut-être une autre fois, avec impression fascinante du déjà-vu du monde du rêve, qui, lui encore, nous fait perdre les pied entre les deux dimensions. Le déjà-vu éveillé, puis endormi, les échos qu'ils appellent.
Je viens à peine de comprendre pourquoi je n'ai pas su me réveiller de la journée. Pourquoi les yeux me piquaient tellement je les forçais à s'ouvrir et mes jambes engourdies ne voulaient faire aucun effort. Pourquoi les personnes du monde familier me paraissaient si plates et les décors si vermoulus. Pourquoi, comme un nouveau né, je ressentais le mal-être de la fracture avec mon environnement précédent.
Dans mon rêve c'était le vent la vue de la falaise la mer le soleil qui n'attendait pas de s'être couché pour se lever et les ruines antiques qui s'élevaient au milieu des flots plus de virgule juste l'abandon puis des êtres quittés qui surgissaient à nouveau une maison bâtie sur du vide le vide désespérant
Je faisais le deuil de mon rêve... J'y ai passé la journée. J'y suis encore, maintenant que je comprends.

28 janv. 2009

Sy-llo-gisme


Le Futur qui vient est Noir
La Pythie lit l'Avenir
La Pythie broie du Noir

27 janv. 2009

Sur fond de Hocico ...

Le corps-décor mordore mes remords, dehors s'endort le désaccord.

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La métempsycose est le passage, le transvasement d'une âme dans un autre corps, qu'elle va animer. Le métempsycosisme est la croyance selon laquelle une même âme peut animer successivement plusieurs corps soit d'humains soit d'animaux, ainsi que de végétaux : la transmigration des âmes peut intervenir non seulement dans l'humain (réincarnation) mais encore dans le non-humain, bêtes ou plantes. - Le mot "métempsycose" vient du grec métempsycosis (μετεμψύχωσις), qui signifie "déplacement de l'âme" ; le mot paraît chez Diodore de Sicile (X, 6, 1) ; les Grecs disaient : "palingénésie" (παλιγγενεσία), c'est-à-dire "nouvelle naissance", "génèse de nouveau" ; ainsi, pour Pythagore, "ce qui a été renaît" (palin ginetaï) (Porphyre, Vie de Pythagore, § 19).

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Palingénésie est le terme employé par les philosophes stoïciens pour désigner la reconstitution ou apocatastase du monde après que le Feu l'ait détruit, cela dans un Éternel Retour. Le mot employé, en grec (παλιγγενεσία), signifie "naissance à nouveau", "régénération". Telle est la palingénésie cosmique.

Mais, la palingénésie est, plus simplement, le retour à la vie, dans la nature, des divers éléments de la nature. Les plantes se nourrissent de minéraux, les animaux se nourrissent de plantes, les hommes se nourrissent des animaux ou de leurs produits ; en respirant tout vivant assimile des germes et des poussières... De la sorte, les éléments de la vie s'échangent, se redistribuent après la mort, partout, toujours. C'est la palingénésie universelle.

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Éros endosse le négoce de la fosse, de ses os rehausse Thanatos


Germaine Greer, Darling, do you love me ? (1968)

Black Moods [klik me]

Kasimir Malevich
Black Square on a White Ground 1914 - 1915
© State Tretyakov Gallery, Moscow
Oil on linen
80x80cm

Marcelline Crane aime Einstürzende Neubauten

Un jour je serai morte

Marcelline pense que la vie, c'est comme une allumette. Qu'importe le sens de la 'consumption', la durée est limitée. A nous de jouer, vers le haut, vers le bas ...

25 janv. 2009

De la superficialité


Après avoir eu fini de lire Bel-Ami ou Le Père Goriot, il y a quelques années déjà, marquée par la prose naturaliste des grands écrivains du panthéon de l'école laïque et sincèrement concernée par le sujet en lice, l'ascension sociale et la volonté réfléchie, exprimée, conscientisée, travaillée, problématisée de traverser une à une les strates graduées des mondes qui se côtoient sans se toucher, je pensais que la forme romantique de l'arrivisme, toute entière contenue dans le verbe "parvenir", ne se croisait plus ici bas désormais. Mal me prenais ! Entrer dans le grand bal, jouer la comédie humaine, faire la cour, accepter, participer, prendre part, contribuer au théâtre DANS le théâtre ... nombreux sont encore les damoizelles et damoizeaux qui cherchent nid dans les hautes sphères ! Certes, nous ne passons plus du salon au boudoir -quoique-, mais l'effet-grouillement de celles/ceux qui s'ingénient à monter au plus haut, à incorporer, s'intégrer, conquérir, devenir, même, à l'intérieur du groupe visé, un de ses représentants phare me paraît encore catégorie pertinente pour certains spécimens de notre société.
Tirer profit des personnes influentes qui les entourent reste un art calculé et maîtrisé par encore bien des pétasses de soirée, car et c'est ma petite idée, si autrefois, les hommes avaient besoin de la grâce des femmes pour avancer pas à pas, la logique ne se serait-elle pas inversée ? Non pas que nous ayons changé de modalité, non, nous baignons toujours dans le schéma de la dominations masculine, auquel la gente féminine contribue un peu tous les jours mais il se trouve qu'aujourd'hui, les femmes ne sont plus des clés de pouvoir : elles aussi deviennent facilement ces électrons libres de soirées qui tourbillonnent dans tous les sens jusqu'à trouver une proie, celui à qui il reste une bouteille de champagne, qui constitue la liste des guests de la deuxième partie de la night, a des cartes de visite plein les poches et des amis beaux et bien constitués. J'arrête la liste.
Bref j'ai plutôt envie de vomir sur ces petits cafards stratèges qui ont en permanence besoin de faire-valoir pour pouvoir partir à la conquête, mais laissons les ramper sans envie, c'est préférable.
Ah, Icare, mon favori, dis-le-leur ...

22 janv. 2009

C. a encore frappé


Marcelline Crane pense que les relations humaines sont parfois trop compliquées

Le mot simplicité est d'une transparence cristalline.
Son application paraît tout de suite moins évidente.
Comment faire pour que les désirs respectifs, les attentes des agents s'accordent et se rencontrent ?

19 janv. 2009

Dis, tu me cours après ?

Elle courait dans la rue devant un homme qui courait après elle et elle courut si fort qu'elle en mourut. Il la cru et s'arrêta de courir car le cou maculé gicla sur son pardessus. Il courait dans la rue derrière un macchabée. S'en fut.

18 janv. 2009

Marcelline Crane se nourrit de Zone [extraits choisis]

À la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine
[...]
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
[...]
J'ai vu ce matin une rue dont j'ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténodactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
[...]
Vous priez toute la nuit dans la chapelle du collège
Tandis qu'éternelle et adorable profondeur améthyste
Tourne à jamais la flamboyante gloire du Christ
C'est le beau lys que tous nous cultivons
C'est la torche aux cheveux roux que n'éteint pas le vent
C'est le fils pâle et vermeil de la douloureuse mère
C'est l'arbre toujours touffu de toutes les prières
C'est la double potence de l'honneur et de l'éternité
[...]
Ils crient s'il sait voler qu'on l'appelle voleur
Les anges voltigent autour du joli voltigeur
[...]
L'avion se pose enfin sans refermer les ailes
Le ciel s'emplit alors de millions d'hirondelles
À tire d'aile viennent les corbeaux les faucons les hiboux
[...]
Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule
Des troupeaux d'autobus mugissants près de toi roulent
L'angoisse de l'amour te serre le gosier
Comme si tu ne devais jamais plus être aimé
[...]
Les étincelles de ton rire dorent le fond de ta vie
[...]
Aujourd'hui tu marches dans Paris les femmes sont ensanglantées
C'était et je voudrais ne pas m'en souvenir c'était au déclin de la beauté
[...]
Ses mains que je n'avais pas vues sont dures et gercées
J'ai une pitié immense pour les coutures de son ventre
J'humilie maintenant à une pauvre fille au rire horrible ma bouche
Tu es seul le matin va venir
[...]

Adieu Adieu

Soleil cou coupé

Appolinaire

Agnès Varda [Le Bonheur]

Plus je vois ses films et plus je la vénère.
Elle seule sait saisir la portée poétique de l'instant volé pour mieux fondre documentaire et fiction.
Je n'y ai pas encore assez réfléchi pour en dire plus.
Pour l'instant c'est seulement de l'admiration qu'elle m'inspire, je sens en moi un élan d'admiration entier pour cette femme et son oeuvre.

Statut religieux et métaphysique du sexe en Inde [klik me]


17 janv. 2009

Ah ... [soupire]

Chamava-se carmencita
A cigana mais bonita
Do que um sonho, uma visão

Diziam que era a cigana,
Mais linda da caravana,
Mas não tinha coração

Os afagos, os carinhos
Perdeu- os pelos caminhos
Sem nunca os ter conhecido

Anda buscando a aventura
Como quem anda a procura
De um grão de areia perdido

Numa noite , de luar,
Ouviram o galopar
De dois cavalos fugindo

Carmencita, linda graça
Renegando a sua raça,
Foi atrás de um sonho lindo

Com esta canção magoada


Se envolve no pó da estrada
Quando passa a caravana

Carmencita, carmencita
Se não fosses tão bonita,
Serias sempre cigana

By C.


Drôle d'histoire ...
Depuis 6 mois, nous avons une relation virtuelle, C. et moi.
Auparavant, nous habitions tous les deux mais il n'a jamais été jusqu'à dormir dans notre maison.
La première fois que je l'ai entendu faire un projet à partir de ce lieu, il proposait d'y faire une chambre noire.
Puis le 1er jour, il est venu avec un sac de sport et une lampe Ikéa. Dedans [ plus tard j'ai été regarder ce qu'il y avait, car il l'avait laissé là depuis ce premier déménagement sans ne jamais l'ouvrir, sans ne jamais sortir son contenant], quelques pulloveurs, un classeur vertical en tissus pour séparer les pulloveurs en question, une brosse à dents ... La liste fut vite dressée.
Il est revenu le lendemain, après avoir acheté deux futons très fin, toujours chez Ikéa. Jamais il n'a dormi dessus.
Il m'a demandé si il pouvait épingler au mur une de ses peintures sur feuille imprimée , il l'a fait.
Et il a commencé à venir de moins en moins, toujours lorsque je ne m'y attendais plus. Il passait, un quart d'heure, une heure, le temps d'un repas lorsqu'il arrivait en plein milieu de nos banquets dans le patio qui s'éternisaient jusqu'à pas d'heure ...
Je recevais un message tous les 1ers du mois : c'était C. , pour m'avertir du lieu où il avait laissé l'enveloppe avec le chèque qui réglait la moitié de notre dû.
C. passait toujours à l'improviste. C'était sa règle sans règle.
Il en profitait pour laisser un sachet de gâteaux aux haricots -mes préférés, sans que jamais je ne lui eusse dit-, une gousse d'ail, quelques feuilles de laurier, une barquette de marmelade maison ... Au début, je n'osais pas les manger, j'attendais qu'il apparaisse le lendemain, je me disais que c'était vraiment mal de lui en piquer. Et j'ai commencé, le temps passant, à me rendre compte que c'était peut-être pour moi qu'il les laissait délicatement, finalement.
Au début, je lui disais, tiens, ce ne serait pas mal de mettre une table ici ou là ... le lendemain, il apparaissait avec l'objet dit, sorti de nulle part. Et moi je continuais à amasser tout ce que je trouvais dans la rue pour constituer petit à petit ce qui a été une des plus belles de mes maisons.
Parfois, je rentrais chez moi et constatais que l'image punaisée avait changée, était devenue un tapis volant ou bien un jeu d'échecs avec des pions vivants et dont la légende indiquait le propos.
Il n'y a jamais eu de labo photo. Ni de bouffes à quatre mains.
Il y a juste eu sa présence fantomatique et bienveillante, un magicien graphique qui, dans sa chambre recouvrait les murs de plans topographiques -chopés dans les archives de je ne sais quoi ...- du quartier et les sols de bâches transparentes.
Depuis, régulièrement, on s'écrit. Enfin, sans texte. On se parle sans se parler avec des images et du son.
Et je l'évoque ici, tout d'abord parce que ce n'est la place de rien, si ce n'est une place publique que j'anime et que C. y a son droit parce qu'il en est un peu à l'origine, sans le savoir ... ou, si, en le sachant sans le dire.

Marcelline Crane va bien ...


... et vous souhaite à tous de joyeuses pacques !

Marcelline Crane est une rebelle ...

Et si l'après-vie m'était conté ?
Je me meurs de savoir de quoi l'au-delà sera [ou pas] ... Je me meurs de prendre trois aiguilles et de les planter sur les articulations d'une anguille mal épilée ... Pour que de sa bouche éjacule le venin vénal de sa condition malveillante.
A nous, orphelins du savoir, les délices du calice, à nous les chrysanthèmes anathèmes.
Je conspue les porcs mal blâmés de cette société, je crache sur les angéliques confites des conspirateurs de Satan.
J'en appelle au trouble et au chaos !

Marcel Duchamp et Maya Deren

« D’ailleurs, c'est toujours les autres qui meurent. » (épitaphe gravé sur la tombe de Marcel Duchamp au cimetière de Rouen)
Maya Deren passed away in New York in October of 1961 after a brain stroke. Her ashes were scattered in the Mount Fuji in Japan.


16 janv. 2009

le 15 [ou 14 ou 16] juillet 2008

J'ai toujours le cafard quand je rentre seule de soirée, à pied ou de taxi. Je n'aime pas cette position. J'y suis bien obligée parfois.
J'arrive chez moi ... envahie, presque débordée par le sentiment de solitude. Problèmes de paranoïa. Impression de ne pas me trouver à la bonne place, au bon moment, avec les bonnes personnes.
Et pouf, l'envie de disparaître et aussitôt, la disparition.
Une fois revenue, l'angoisse elle aussi disparaît. Protégée par mon environnement artificiel. Je suis au chaud, foetus.

15 janv. 2009

14 janv. 2009

Pourquoi mon ex ne sera-t-il jamais mon ex

Pourquoi mon ex ne sera-t-il jamais mon ex ? ...
Parce qu'il est lui, d'abord. Appeler quelqu'un son "ex", c'est dégradant, n'est-ce pas ?
Parce qu'il a un nom, une vie propre, indépendante de la-mienne, parce qu'il ne m'appartient plus et que je ne peux plus me permettre d'apposer le pronom possessif dans ma grammaire évocatrice !
Parce qu'il m'a heurté, un jour, une fois, une seconde et que cela ne se reproduira plus. Et que cela fait de lui quelqu'un d'unique dans ma vie, qui n'a cette relation avec personne d'autre, dont je ne retrouve la relation avec personne d'autre.
Que cette relation particulière nous empoisonne comme elle nous a fait voler, qu'elle est toujours présente dans nos vies respectives et que parfois même elle se recoupe, quand nous nous réencontrons. Quand nous décidons de prolonger l'amère. Quand nous ne pouvons faire autrement. Quand nous avons essayé de contrôler jusqu'à ne plus pouvoir y arriver. Chaque fois les distances temporelles et physiques se prolongent un peu plus, mais toujours reviens ce besoin de réaffirmer notre proximité, comme si une autorité immanente en avait décidé pour nous.
J'écris ces petits mots en écoutant la musique du film que je viens de poster, juste en-dessous.
Germaine Dulac fut une découverte récente dans ma vie, mais elle s'est imposée. Un peu comme lui, mais sous des prétextes davantage esthétiques qu'affectifs. Dans un concon, à la manière d'une relation virtuelle qui n'éclot pas, reste emmêlée dans les méandres des pensées et du rêve.
A lui aussi, j'ai pensé, de lui aussi j'ai rêvé. Maintenant il ne nous reste que l'égo et son penchant naturel, la jalousie.
JE NE VEUX PAS ETRE INTERCHANGEABLE !

Germaine Dulac, Thèmes et Variations, Degas+Fritz Lang+les vapeurs intimes de sa féminité ?

Marcelline Crane aime ... [klik me]

Micropensée


Doit-on se fier à la perspective qui nous échoue ? Doit-on s'articuler comme un prisme à 1000 faces pour ajuster sa longue-vue et choisir son angle d'approche -évidemment !- ? Ne trahirait-on pas par là le sens commun que l'on ne peut occulter ?
Si la vie est un damier, autant y aller à pied joint ! Le kaléidoscope de nos envies se fondra ainsi dans nos désirs et c'est par le plaisir que l'on souffrira enfin de la vie ...

13 janv. 2009

Daedelus, Just Briefly

She's so ...


Elle vit le jour en noir et blanc et rêve la nuit en couleurs. Rêve aussi le jour et vit la nuit, interchange les réalités diurnes et nocturnes pour mieux savourer son présent.
Elle est libre, libre, libre, ne se fie qu'à son intuition.
Accepte de ne pas savoir, en fait souvent un de ses préceptes, tellement mâché qu'il en devient une onomatopée.
Guette l'étincelle et soupèse la truculence, car rien ne lui échappe, pas de faux pas, même les tutus roses.
L'ambivalence de sa légèreté rattrape la raison lorsqu'il faut se dominer, les travers de soie de ses chimères se foutent des contingences.
Car elle est l'absolu.
Elle est happy, elle est cash, elle contrôle, elle se lâche, elle respire, elle baisse les bras, elle pense que les autres ont de la chance, elle s'en fout, elle fait des listes de choses à faire et les fait le jour même, elle séduit, elle râle, elle explose, se calme, elle est la synthèse, elle acte, elle bulle, elle pense le quotidien comme une série de petites boîtes, elle range ses petites boîtes, elle avance, elle pense que demain elle va partir, elle ne palabre pas, elle va droit à l'essentiel, ne lit d'ailleurs pas les actualités, elle pense minimalisme ...
Elle est un condensé d'air et de terre.

Marcelline Crane se délecte de A une charogne






Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses.
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

Baudelaire

Pourquoi j'ai toujours préféré les conteurs aux historiens

Un jour, j'ai dû aller à la fac, choisir une discipline. Comme il en avait bien trop qui m'attiraient et que je ne pouvait les choisir toutes ensemble, j'ai préféré opter pour celle que j'aimais le moins, celle dont j'avais toujours séché les cours et qui m'avait valu ma pire note du bac, un 6 : l'histoire. Pour combler mes lacunes, donc. On se doute bien que ça n'a guère fonctionné, que je n'ai jamais été aux partiels et que les amphi, c'était pour fumer en société.
[petit aparté : la seule discipline interne qui m'ait peut-être amusé fut l'historiographie, la science qui se penche sur l'écriture de l'histoire, car c'est là que j'ai pu trouver le brin de réflexivité qui me permet toujours de juger du degré de légitimité d'un champ.]

Et puis j'ai découvert le métier de conteur. J'en ai rencontré, je les ai écouté, souvent au coin d'un feu caché dans les zones ombragées de Dame Nature, je les ai admiré. J'aime leur subjectivité, leur théâtralité, ce qui me paraît bien plus proche des réalités, celles que nous vivons, que la prétendue objectivité des chercheurs en histoire !

Aujourd'hui, je crois de moins en moins aux sornettes académiques des manuels et entend de plus en plus parler d'histoires ... et découvre des pans cachés un peu tous les jours, des s****** s******* aux zoos humains, dont on ne parle pas même dans leur intégralité au sein des cours d'anthropologie des universités !

Ce documentaire, malgré son apparence ultra classique -sur la base d'entretiens formels de type journalistique et d'images d'archives et photographies, dont la bande sonore laisse parfois à désirer par son côté sensationnaliste - pourtant réalisé par des anthropologues, a cependant le mérite d'appuyer là où ça fait mal, très mal ...

Les Zoos humains, réalisé par Eric Deroo, 51'44


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