13 mai 2009

La Métaphore vive, Paul Ricoeur

« La fonction de transfiguration du réel que nous reconnaissons à la fiction poétique implique que nous cessions d'identifier réalité et réalité empirique ou, en d'autres termes, que nous cessions d'identifier expérience et expérience empirique. Le langage poétique tire son prestige de sa capacité à exprimer des aspects de ce que Husserl appelait Lebenswelt et Heidegger In-der-Welt-sein. De la sorte il exige que nous critiquions notre concept conventionnel de la vérité, c'est-à-dire que nous cessions de le limiter à la cohérence logique et à la vérification empirique, de façon à prendre en compte la prétention de vérité liée à l'action transfigurante de la fiction. »

« La métaphore, c'est la capacité de produire un sens nouveau, au point de l'étincelle de sens où une incompatibilité sémantique s'effondre dans la confrontation de plusieurs niveaux de signification, pour produire une signification nouvelle qui n'existe que sur la ligne de fracture des champs sémantiques. Dans le cas du narratif, je m'étais risqué à dire que ce que j'appelle la synthèse de l'hétérogène ne crée pas moins de nouveauté que la métaphore, mais cette fois dans la composition, dans la configuration d'une temporalité racontée, d'une temporalité narrative. »

2 commentaires:

Anonyme a dit…

L'ambition de toute les formes de discours, poétique, pictural, sociologique, philosophique, me semble être de dépasser les limites du langage, par lequel une vérité logique est innacessible. Dépasser, pour atteindre d'autres types de vérités effectivement. Chaque vérité de ces types autres, se singularise, sans pour autant se subjectiviser, du moins est-ce là leur ambition. C'est, je crois, ce que dit Barthes à propos du sarcasme, forme d'expression par laquelle il atteint, non pas sa vérité, mais la vérité de son propre discours. Ce que je veux dire, c'est que ce que dit Ricoeur est généralisable à toutes formes de discours, y compris scientifiques, pour lesquels la logique est l'opérateur (spécifique donc) de vérité, de la même manière que la métaphore est un opérateur de vérité en poésie.

Marcelline Crane a dit…

ce propos éclairant est d'une justesse parfaitement maîtrisée